mardi 23 septembre 2008
DES ATTENTATS COMMIS CONTRE LA POESIE (SUITE...)
SUITE III
Notre tenancière
Dans sa robe rustique,
Antique rombière
Aux gestes héroïques,
Nous régale de bière.
Vers le comptoir penchée
Sa tête fantastique
Aux lèvres écartées
Comme un don fatidique
S'empêche de trembler.
Car elle est débordée.
Ses filles sont trop fières
Pour la bien seconder;
Elle est cette autre mère
Patiente et résignée.
C'est notre fort symbole
Qui n'aime pas compter
L'argent ni les pichets,
Et qui nous fait obole
De notre liberté.
Elle aime à répêter
Que plonger dans l'oubli
N'est pas un grand péché,
Que rire des ennuis
C'est enfin les vexer
Et qu'ils sont fort fâchés
D'être comme l'essaim
Des guèpes échappées
Sans maître ni destin,
Qu'il faut les effacer.
Et de sa main de Reine
Notre moisson d'envies
Au vent et à la Seine,
Elle la sème, et oui!
Nous aimons notre vie
Si inutile et vaine...
Poème écrit par Laure Gerbaud.
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