mercredi 1 octobre 2008

AVEZ-VOUS LU ROBERT PENN WARREN?

Je vous enjoins vivement à lire l'un des romans les plus importants de la littérature américaine. Le plus important, peut-être, pour moi.
Un roman de 700 pages, publié pour la première fois en 1945, à New-York, sous le nom de "All the king's men" et traduit en français par: "Les fous du roi"... en 1968, à peine!
Merveilleusement traduit par Pierre Singer. Avec une préface royale, la plus merveilleuse préface que j'ai jamais lue (de presque 30 pages) rédigée par Michel Mohrt. D'une intelligence et d'une sensibilité fulgurantes.
All the king's men a été tourné en film.
Et maintenant, un extrait de ce roman au souffle lyrique dans lequel Robert Penn Warren fait preuve d'une stupéfiante connaissance de l' âme humaine, de ses doutes, ses désillusions, et ses pitoyables efforts pour atteindre à la maturité...

"...je sortis ensuite ma voiture du garage, jetai quelques affaires dans une valise et pris la route.Une route longue et blanche comme un squelette, droite comme un fil à plomb, unie comme une glace étincelante et chatoyante dans la chaleur, ronflant sous les pneus comme un nerf écorché. Je faisais du cent et pourtant on eût dit que je ne parviendrais jamais à rattraper la mare qui semblait apparaître au bout de la route, juste de ce côté-ci de l'horizon. Peu après, j'eus le soleil dans les yeux, car j'allais à l' Ouest. Les yeux éblouis, j'abaissai donc le pare-soleil et appuyai sur le champignon; je continuai vers l' Ouest. Car l' Ouest est la région où nous projetons tous d'aller un jour. C'est là où l'on va quand la terre ne rend plus et lorsque les pins de Virginie gagnent du terrain. C'est là où l'on va quand arrive la lettre disant: Sauve-toi, tout est découvert. C'est là où l'on va, lorsque abaissant son regard sur la lame entre ses mains on y voit du sang; lorsqu'on vous déclare que vous n'êtes qu'un goutte d'eau dans l'océan. C'est là où l'on va quand on vous raconte qu'il y a "ben sûr de l'or là-bas dans c'te montagne". C'est là où l'on va pour s'élever au rythme du pays. C'est là où l'on va pour y finir ses jours. Ou bien est-ce tout bonnement là où l'on va.
C'était simplement là où j'allais. "

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